Si l’attention désigne une capacité à la fois psychique (être attentif) et sociale (être attentionné), qu’en est-il, dans les sociétés de plus en plus soumises à des dispositifs numériques au service d’une « économie de l’attention », de nos capacités psychiques, de nos relations sociales, et plus généralement, de nos relations à l’environnement ? Autrement dit, quelles sont les conséquences de l’économie numérique de l’attention pour les écologies mentale, sociale et environnementale ? Et quels sont les leviers potentiels ? Est-il possible de concevoir et de développer des modèles technologiques et économiques alternatifs, qui intensifient les capacités attentionnelles, mémorielles, réflexives, créatives ainsi que les pratiques solidaires et contributives ?
Il n’est pas question de condamner le numérique ou les écrans en tant que tels ni d’imposer des mécanismes d’interdictions massifs comme ceux que l’on observe en Chine sur les jeux vidéo. Il s’agit, au contraire, de nous interroger sur des modèles économiques qui tirent leurs ressources de la monétisation de notre attention. De même, il nous faut décortiquer les outils de « captologie » et de « design comportemental » mis en œuvre par ces modèles, au lieu d’être conçus et développés dans l’intérêt des populations, en vue de renforcer leurs capacités cognitives et d’intensifier les solidarités collectives. Il s’agit enfin d’identifier les leviers (juridiques, économiques, technologiques, sociaux, éducatifs, politiques) qui pourraient être mobilisés pour retourner cette situation.
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